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Alexa Hatanaka, Koinobori (eat rice, play with cats), 2021.

Washi cousu (papier japonais) : Haini kozo de Kakishi Seishi, divers washi de Japanese Paper Place, gravure sur bois, linogravure, encre sumi, encre à base d'huile, teinture indigo, teinture kakishibu, sacs de riz en papier collectés.

Photo : LF Documentation.

side by each 2.0

Alexa Hatanaka

Exposition
Discussion d'artiste

À l'occasion du finissage de side by each 2.0 et de Le Chiffonnier / The Ragpicker, le centre d'artistes AXENÉO7 vous convie à une discussion avec les artistes Alexa Hatanaka et Karen Kraven, portant sur le travail de leurs expositions.

À la suite des discussions, le centre rouvrira ses portes à 19 h pour une célébration festive du finissage des expositions.
 
Musique par Dj Rodrigo Medrano

Entrée libre
Bar payant
Stationnement gratuit

Réservez ici

side by each : rencontre avec l'esprit, les gravures et le mouvement dans l'art d'Alexa Hatanaka

Les encres se déposent, s'infiltrent, saturent au-delà des relations de surface.

Les fibres se heurtent, s'entrelacent, se transforment en liaisons moléculaires plus fortes.

Expérimentation dans le mélange des médias, les coups de pinceau échappent à la capture du graveur.

La réalité matérielle d'Alexa Hatanaka manifeste les flux de son imaginaire, où le rêve, les souvenirs, le souhait, le chagrin, l'attente, la fracture, le réconfort et la joie s'entremêlent et s'expriment à travers l'acte de fabrication. L'esprit réside dans les répétitions consciencieuses, l'habileté de la suture et l'intention.

Se déplaçant à travers side by each 2.0 pour regarder les pièces de l'artiste Alexa Hatanaka, le visiteur est invité à examiner la transformation de l'idéation, de l'histoire et de l'émotion en pratique. Dans le cercle central, on peut visualiser la convergence de l'humain et du non-humain à la fois dans la gaieté et la tragédie. La célébration annuelle du koi nobori, flottant hic et nunc dans le sillage du tremblement de terre et du tsunami cataclysmiques de 2011 à Tōhoku, donne naissance à de nouvelles traditions, une danse qui évoque la fugacité des émotions intimes, des relations familiales et de la terre sous nos pieds. Le pas hésitant du visiteur qui s'approche pour voir de plus près génère une subtile brise, des ondulations de l'intérieur et de l'extérieur de la combinaison Hazmat comme des hantises, des élans de la mémoire corporelle surgissent de vagues de fond et se rassemblent dans ce qu'il y a de plus inattendu. La perte cède la place au rire, la commémoration cède la place aux connaissances de la Grand-mère, la perte cède la place, loin, loin, loin, pour se rapprocher à nouveau. Shouganai, on ne peut rien y faire, tout haut en grosses lettres, sert ici de public captivé, de témoin matériel de la danse qui se déploie et se replie sans cesse, comme le papier a coutume de faire. Shouganai, mieux vaut suivre le courant et passer à autre chose.

Les histoires en devenir fusionnent à travers la portée artistique de Hatanaka. Son ascendance japonaise, appuyée par des voyages intergénérationnels à travers ce territoire appelé le Canada, facilitent la reconnaissance d'un savoir qui, autrement, aurait été politiquement en porte-à-faux. Parmi les héritages d'une génération à l'autre, les habitudes corporelles imitent et prolongent les possibilités de résolution des passés errants. Parallèlement, ces possessions spirituelles renferment la sagesse millénaire, perceptible dans les plus infimes mises en valeur artistiques dans le traitement de la matière, la forme, la teinte, la texture et le choix du sujet. Les gravures de Hatanaka trahissent ces héritages indéniables, qui prennent formes dans des assemblages apparemment impossibles. Sinon, comment une jeune fille de Yokohama — avant d'être connue comme la Grand-mère des enfants de son fils au Canada — aurait-elle pu marcher parmi des artistes et des enseignants de la gravure traditionnelle sur bois à Nanjing, un site marqué par un bouleversement politique dévastateur entre Japonais et Chinois qui s'inscrit dans une longue histoire de guerres, et qui esquive une histoire encore plus longue d'échange et de transmission culturels entre ces nations ?

Pourtant, les œuvres de Hatanaka transcendent les réitérations esthétiques et sociales indélébiles de ce qui a été, et de ce qui aurait dû être. L'un des plus grands plaisirs que l'on puisse attendre du moment présent est peut-être l'élément de surprise, l'étrange capacité de s'écarter soudainement de l'accomplissement de sa volonté, de sa capacité et de ses visites intentionnelles. Les gravures dans les images de Hatanaka sont des hommages à la formation de nouvelles communautés, où les rires, les larmes et les esprits créatifs des jeunes du Nunavut traversent et se lient au paysage, transformant les jours en mois et en années. Dans ses œuvres, 9.0 et 9.0 (hazmat has matte), les histoires, les futurs et le présent immédiat s'entrechoquent dans une vue kaléidoscopique. Et vous, cher visiteur, avez été appelé à témoigner, à rêver de nouveaux royaumes de votre choix, à fusionner ce que vous savez avec de l'inconnu.

Imprimer, imprimer sur, chokusetsu-hō, la vie enchâssée dans la mort et la mort dans la vie. Quelle est le réconfort du graveur si ce n'est la découverte par le jeu, par approximations successives, et les moments d'étonnement total que les confidences du cœur peuvent prendre forme et dessiner la couleur sans faire plus de mal ? Et qu'est-ce qui, dans la broderie de la couturière, révèle des histoires qui n'ont jamais été racontées, des captivités ancestrales qui débouchent sur des liens de parenté inimaginables ? Dans side by each 2.0, Alexa Hatanaka répond sans crainte, non seulement pour les  solitaires soulagements de l'âme, mais aussi pour apporter parmi nous un tissu de souvenirs qui offrent un soutien tranquille, de vifs éclairs de pigments et d'étranges ressemblances, afin que vous soyez vous aussi encouragés à aller de l'avant.


— Ayumi Goto

Alexa Hatanaka s'engage dans des processus historiques de longue haleine, liés à son héritage japonais, qui soutiennent sa réflexion sur le développement des communautés, l'environnement et la persistance et l'honneur de pratiques culturelles évolutives telles que la gravure en relief, la fabrication de papier et le kamiko, la pratique de la couture de vêtements en washi (papier japonais) renforcé à l'amidon de konnyaku. Elle collabore à des projets spécifiques et communautaires avec des jeunes de Kinngait, au Nunavut, dans le cadre de son collectif Kinngarni Katujjiqatigiit/ᑭᙵᕐᓂ ᑲᑐᔾᔨᖃᑎᒌᑦ et, auparavant, dans le cadre de Embassy of Imagination (2014-2020). Ses œuvres réalisées individuellement ou en collaboration ont été exposées à la Art Gallery of Ontario, à Toronto, au British Museum et à la Maison du Canada à Londres, à la Toronto Biennial of Art et à la Guanlan International Printmaking Base, à Shenzen, en Chine.

Ayumi est une artiste de la performance, actuellement basée à T'karonto, territoires traditionnels de la Confédération Haudenosaunee, des Hurons Wendat, des Anishinaabe et des Missisaugas de Credit. Ayumi s'appuie souvent sur la langue et son héritage japonais pour explorer et interroger de manière créative l'édification d'une nation, l'appartenance culturelle et les conventions sociales de bonté. À travers de fréquentes collaborations, elle étudie l'interrelation terre-homme, l'impermanence, les fluidités du genre et les interactions entre temps et espace. Elle a présenté ses performances à Londres, à Berlin, à Naha, à Kyoto, à Nuuk et a travers ce territoire qui se nomme actuellement le Canada. Ayumi est professeure auxiliaire à l'OCADU, en parallèle à son cheminement de chercheuse diasporique. Parmi les mentors qui ont été fondamentaux pour sa réflexion et ses pratiques, citons : Shirley Bear, Roy Miki, Cheryl L'Hirondelle, Peter Morin, Sandra Semchuk, Andrea Fatona, Janell Morin, Kyoko et Tiger Goto.

Remerciements
L'artiste tient à remercier le soutien du Conseil des arts du Canada et le Conseil des Arts de l'Ontario. Les armatures de l'installation sont issues d'une collaborations avec l'artiste Yorgo Liapis.

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