Sur un capuchon de bouteille en plastique bleu se trouve un préservatif avec des petites plantes qui en sortent.

Adam Basanta, Fontaine (may 2020), 2020.
Préservatif, chanvre, bouchon de bouteille, roquette.
Courtoisie de l'artiste.

Fontaine

Adam Basanta

Exposition

Exposition résultant du programme Autorésidences.

Autorésidences est un programme de résidences à distance initié par AXENÉO7 dans le contexte exceptionnel de la pandémie afin de continuer à soutenir la recherche et le développement des pratiques en art actuel.

Out of the blue, it is he

Vision to me, bearing leaves

Petals green, covers me in all my shame

— PJ Harvey, paroles de Fountain (Dry, 1992)

D'une chose si douce, d'une telle fontaine de tous les délices, toutes mes douleurs sont nées.    

— Michel-Ange

Les fontaines — dont l'étymologie signifie source, dérivée de la racine latine « fons » — ont été des caractéristiques de l'établissement humain depuis l'âge du bronze. Même dans l'Antiquité, des réservoirs décoratifs distribuaient l'eau aux populations des premières cités-États.  Équivalents urbains des puits antiques, les fontaines sont devenues des lieux de rassemblement essentiels : un endroit pour recueillir la précieuse eau potable, se baigner et se détendre. En même temps, ces attraits architecturaux, conçus et financés par les élites dirigeantes, fonctionnent comme des rappels matériels du pouvoir centralisé et des dynamiques et responsabilités entre les hiérarchies sociales.

Les progrès de l'ingénierie ont permis aux fontaines de bénéficier de la gravité et de la pression hydrostatique : l'eau pouvait désormais jaillir verticalement de la source, échappant momentanément à la gravité. Une fontaine manifeste une abondance magique, une source inépuisable et bouillonnante de vie et de prospérité. Les métaphores de la fertilité, de la croissance, de la sexualité et des loisirs se développent parallèlement à une ornementation sculpturale de plus en plus élaborée.

À l'approche de la modernité, le symbolisme des fontaines prend le pas sur leur fonction première. L'eau de la fontaine n'est plus un besoin pour les visiteurs, qui ont dorénavant un accès domestique à cette ressource. L'eau devient un objet de contemplation esthétique, un véhicule qui permet de visualiser le contrôle des éléments naturels, un matériau avec lequel on peut explorer l'imagination humaine et construire des récits puissants.

Dans ces histoires, la fontaine devient un prisme à travers lequel on peut retracer la relation permanente de l'humanité avec l'eau, la conception fonctionnelle et l'esthétique, le pouvoir et le luxe. Elle est à la fois une projection de la compréhension symbolique et une réification résiliente de ces systèmes de valeurs.

De quelles valeurs une fontaine nord-américaine contemporaine se porterait-elle garante ? L'eau est apparemment illimitée et facilement disponible, et en même temps, une ressource agricole vitale dont l'approvisionnement mondial est limité. Dans le monde développé, elle est un luxe abordable pour l'arrosage des jardins, les activités de plein air, les sports et le plaisir ; ailleurs, elle est une cause de contestations anti-privatisation ou de guerre. L'eau est facilement contenue dans des récipients en plastique qui, lorsqu'ils sont jetés, font eux-mêmes partie d'un écosystème océanique de plus en plus perturbé.

Fontaine présente plusieurs scénarios d'improvisation, chacun réfléchissant à ces relations inextricables entre l'eau, le plastique jetable, l'agriculture et les loisirs ; les relations entre la construction anthropique et les processus naturels irrépressibles. Il s'agit de monuments improbables assemblés temporairement pour personne en particulier, qui exécutent des cycles de décomposition inévitable et de régénération nécessaire.

— Adam Basanta

Né à Tel-Aviv (Israël) et élevé à Vancouver (Canada), Adam Basanta vit et travaille à Montréal depuis 2010. Ayant originalement étudié en composition de musique contemporaine, il a par la suite développé une pratique artistique en installations multi-médiatiques.

Depuis 2015, son travail a été exposé dans des galeries et institutions incluant le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM, Canada), WRO Biennale (Pologne), Fotomuseum Winterthur (Suisse), Cité Internationale des Arts (France), Arsenal Art Contemporain (Canada), Galerie Charlot (France), iMAL (Belgique), National Art Centre, Tokyo (Japon), Moscow Biennale for Young Art (Russie), Carroll/Fletcher Gallery (Royaume-Unis), American Medium Gallery (États-Unis), Serralves Museum (Portugal), Edith-Russ-Haus für Medienkunst (Allemagne), York Art Gallery (Royaume-Unis), and The Center for Contemporary Arts, Santa Fe (États-Unis).

Ses installations ont été récompensées par des prix au Canada : Prix Pierre Ayot (2019), Prix Sobey pour les Arts, liste longue (2018, 2020), et internationalement : Japan Media Arts Prize (2016), Aesthetica Art Prize (2017). Il est représenté au Canada par Ellephant Gallery (Montréal). Ses œuvres font partie des collections institutionnelles du Musée d'art contemporain de Montréal (MACM), du musée des beaux-arts de Montréal (MBAM), du Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ), de la Ville de Montréal, et de plusieurs collections d'entreprises.

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