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Crédits : Valérie Kolakis.

The continuous movement between destinations will become a room

Valérie Kolakis

Exposition

Exposition résultant du programme Autorésidences.

Autorésidences est un programme de résidences à distance initié par AXENÉO7 dans le contexte exceptionnel de la pandémie afin de continuer à soutenir la recherche et le développement des pratiques en art actuel.

Soirée d'ouverture le mercredi 15 mars 2023 de 19 h à 23 h.

Musique par Dj Rodrigo Medrano

Entrée libre
Bar payant — Carte seulement
Stationnement gratuit

The continuous movement between destinations will become a room

[Le mouvement continuel entre deux destinations deviendra une pièce]

[...] les environnements ne sont jamais complets mais sont continuellement en construction. — Tim Ingold

Le foyer est l’espace domestique, la base du chez soi, l’espace que l’on construit physiquement et mentalement pour y habiter et y revenir. Le foyer est le point de référence à travers lequel l’extérieur est compris et encadré. Les environnements extérieurs sont incomplets et provisoires. En étant socialement isolés en dehors de chez nous, nous sommes fragmentés, maladroits, nous renvoyant à la domesticité pour trouver notre ancrage dans l’espace public. Homi K. Bhabha réfère à cet état de déplacement où l’on n’est ni accommodé, ni assimilé dans l’espace public comme le fait d’être « sans domicile ».

The continuous movement between destinations will become a room est une exposition qui inclut des éléments géométriques simples, rappelant les éléments architectoniques de l’espace domestique. Des constructions linéaires en métal, des dessins tri-dimensionnels, délimitent les formes occupées par les étagères, les armoires, les lits et les cadres de fenêtre. Ceux-ci réfèrent à l’absence de ces ameublements, au déplacement et à la disparition du domestique au sein de l’espace public partagé de la galerie. Ces pièces de métal sont reconverties en supports pour des éléments trouvés et déconstruits, rappelant le contexte domestique. Tapis, plantes d’intérieur, cadres photos, sont arrangés en tas, tels des mémoriaux de fortune. D’autres éléments sont éparpillés dans l’espace de la galerie ; réminiscences de la domesticité transformée en des formes sculpturales abstraites. L’espace domestique est caractérisé comme étant inscrit dans les vies présentes et passées de ses habitant.e.s. Il efface l’espace public en se pliant sur lui-même et repousse ce qui le dépasse.

La matérialité des œuvres de Valérie Kolakis gravite autour de ces objets, issus de la domesticité, leur valeur d’usage en tant que témoins d’identités et de passés. Le déplacement dans l’espace public est celui d’un déracinement, d’une méconnaissance des codes de conduite opérant au-delà de l’espace domestique, en dehors du foyer. Ces codes sont matérialisés dans l’architecture publique et dans l’ornementation régentée de la ville. Les structures et éléments de Kolakis empruntent aux plans et croquis architecturaux. À l’inverse de ces plans qui proposent des formes matérielles dans l’espace, ce qui a encore à être construit, les œuvres de Kolakis  indiquent un effondrement imminent de l’ordre architectural et pointent la discordance entre l’espace public et l’expérience personnelle.

L’exposition est configurée en stations, des agglomérations d’éléments architecturaux déplacés au sein de l’espace physique de la salle d’exposition. Cette configuration questionne la réception de l’intérieur de la galerie et du mouvement des spectateurices à travers cet espace public. Les agglomérations assemblent les objets, breloques et souvenirs, qui définissent et caractérisent l’espace domestique. Ces objets, à la fois familiers et singuliers, évoquent des habitant.e.s inconnu.e.s, désormais absent.e.s de cet espace.

Le design d’architecture est d’abord et avant tout un procédé cognitif, les maisons sont pensées avant d’être construites. Notre besoin d’habiter, notre capacité à concevoir et imaginer un habitat, est une condition préalable à l’architecture. Nous décrivons nos environnements en termes architecturaux, nous identifions les éléments qui constituent une maison : les portes, les fenêtres, les murs et les plafonds, la plupart d’entre nous sans pour autant être des architectes. À force de l’habiter, nous construisons l’espace mental qui nous entoure.

Le foyer est produit par le processus que Tim Ingold appelle « cooptation et construction ». Nous construisons nos espaces domestiques avec des objets qui nous sont utiles et significatifs et nous adaptons ces objets pour répondre à l’espace mental et physique du foyer, tout en adaptant l’espace domestique pour accommoder ces objets. Les assemblages de Kolakis suivent ce processus, modifiant leur composante, leur forme et leur sens selon leur relation avec les différents éléments et formes de l'œuvre. Le mouvement est continu, devient une pièce, une destination transcendant l’espace public avec celui du foyer.


— Paul Landon

Valérie Kolakis vit et travaille à Montréal (Québec, Canada).

Valérie Kolakis a exposé dans des musées et des espaces d'art contemporain, notamment au Kunsthaus Baselland (Bâle, Suisse), au Kunsthaus L6 (Fribourg, Allemagne), au Ke Center for the Contemporary Arts (Shanghai, Chine), au Zendai Museum of Modern Art (Shanghai, Chine) et au Musée d'art contemporain de Montréal (Canada). Elle a également exposé dans des biennales et des événements tels que la Biennale d'art contemporain EVA International (Limerick, Irlande), La Triennale québécoise du Musée d'art contemporain de Montréal (Canada) et à la Nuit Blanche (Paris, France), ainsi que dans des galeries d'art telles que la Fold Gallery London, la Galerie Antoine Ertaskiran et la Galerie Donald Browne (Montréal, Canada).

Les œuvres de Kolakis font partie de collections privées et publiques, dont le Musée d'art contemporain de Montréal, le Musée national des beaux-arts du Québec et la Collection Prêt D'Oeuvres d'art du musée national des beaux-arts du Québec (tous au Canada).

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