Espacements
Marie-Michelle Deschamps
- Exposition
Soirée d'ouverture le mercredi 1er novembre 2023 de 17 h à 23 h.
Entrée libre
Bar payant à partir de 19 h — Carte seulement
Stationnement gratuit
Performance de la percussionniste Corinne René le 25 novembre 2023 à midi, en présence de Marie-Michelle Deschamps.
Espacements
L’exposition Espacements amène Marie-Michelle Deschamps à dévoiler trois aspects de sa pratique évoluant au fil des salles d’AXENÉO7, où le centre devient formellement un théâtre de l’intimité domestique : le couloir arpente les salles comme les pièces d’une maison. Tout en délicatesse, les personnifications spatiales se meuvent en métaphores définissant la relation de l’artiste au regard de soi, de l’autre, et de l’autre venant de soi.
À cette approche méta-discursive de l’espace vient s’ajouter le schème du langage, notion aussi prépondérante dans le travail de Deschamps. Dans son ouvrage The Twofold Room [La chambre double], l’artiste imagine une relation serrée d'interdépendance entre le langage et un hôtel. Avec poésie, l'artiste dépeint les éléments du lieu — le hall d’entrée, le corridor, la chambre à coucher, le lit —, leur interaction avec le corps — intime, sensuelle — et les rapproche au langage par des jeux de mots métaphoriques, des figures de style imbriquant le concret à l’abstrait. Dans la première salle d’exposition du centre, les bas reliefs intitulés Coquilles reprennent ce principe d’osmose trouble du signifié et du signifiant. Faits à même le mur avec du composé à joints mélangé à de la poudre de marbre, Deschamps détourne un matériau habituellement utilisé pour masquer et le transforme en ornementation. La matière, ajoutée au mur couche par couche — pour corriger la coquille ? —, s’apparente à une — coquille — carapace protectrice, un espace dans lequel on se dissimule et se recueille.
Vient ensuite la rencontre avec l’autre, où l’intériorité individuelle s’ouvre et laisse place à la collaboration, à l’amitié, donnant naissance à l’installation musicale Première adresse, conçue par l’artiste pour — et avec — son amie percussionniste Corinne René. Tandis que l’une utilise les métaux pour travailler la matière, l’autre s’intéresse aux propriétés musicales de celle-ci, laissant cette volonté commune de créer des objets musicaux esthétiquement plaisants, tant aux oreilles qu’aux yeux.
À la marge du soi et de l’autre, demeure l’autre venant de soi, une tension sensible entre introspection et partage au sens de longévité. Deschamps dépeint dans la troisième salle le lien qu’elle entretient avec son enfant, l’implication que la maternité a eu sur sa pratique, et les traces que celle-ci y a laissées. Encore une fois, l’artiste renverse le sens préconçu de la notion d’héritage : en reproduisant les dessins de son enfant, elle prend la place de l’élève, laissant ainsi l’occasion à son fils de marquer son travail, d’altérer sa pratique, de graver ce moment précis de la relation dans le temps, par le biais de l’émail cloisonné.
Tout l’intérêt du travail de Deschamps réside dans le fait que rien n’est laissé au hasard. Du choix de la matière au sens formel de l’exposition dans son espace de présentation, l’imbrication de chaque élément est réfléchie avec soin et laisse découvrir des couches sémantiques dont l’exploration prend l’amplitude de son œuvre. L’inutile devient trésor, la marge devient refuge, la matière devient temps.
— Lucile Godet
Marie-Michelle Deschamps
Combinant sculptures, écritures, dessins, oeuvres sonores et installations, le travail de Marie-Michelle Deschamps explore les problématiques du processus de signification et dissèque, déconstruit et réinvente le langage pour mieux interroger la relation entre les mots et les choses, et ce, en donnant à voir entre les lignes du texte le langage comme expérience, comme espace habitable, et comme réservoir de formes esthétiques.
Récemment, elle a présenté son travail à la Gund Gallery (US), à Shebam (DE) ICA Portland, Maine (US); au Musée d’art contemporain de Montréal (CA); à Franz Kaka (Toronto, CA) ; à Oakville Galleries (Oakville, CA). Elle a également exposé à la galerie Gregor Staiger (CH), Parisian Laundry (Montreal, CA) ; à Diagonale (Montreal, CA) au Ausstellungsraum Klingental (Bâle, CH) ; à Chapter (Cardif, UK) ; à la Fonderie Darling (Montréal, CA) ; au MUDAM (Luxembourg, LU) ; au CCA (Glasgow, UK) ; à Occidental Temporary (Paris, FR) ; au CNAC Le Magasin (Grenoble, FR) ; à YYZ Artist’s Outlet (Toronto, CA) et au Edinburgh Art Festival (UK). Récipiendaire d’une résidence du prix Sobey (New York, US, 2021) elle a également été artiste en résidence à Studio Voltaire (Londres, UK) et à Triangle France (Marseille, FR) et détient un MFA de la Glasgow School of Art (UK).
Corinne René
Corinne René est une percussionniste se démarquant dans divers milieux artistiques. Musicienne classique de formation, elle joue régulièrement au sein d’orchestres du Québec, principalement à l’Orchestre Métropolitain. Parallèlement, sa pratique la rapproche des univers de l’improvisation, du bruitisme, du mouvement et des arts visuels. Elle travaille en collaboration avec l'artiste visuelle Marie-Michelle Deschamps ainsi que le vidéaste Etienne Morneau, les groupes Loos Pango, l'Ensemble SuperMusique, Buzz Cuivres et Toiture. Elle a pris part à des stages de perfectionnement au Conservatoire Supérieur de Musique de Lyon, The Banff Centre for the Arts, au Centre Chorégraphique National de Rillieux-la-Pape, ainsi qu’à Hotel Pupik en Autriche.
Remerciements
L'artiste aimerait remercier Corinne René sa complicité et sa confiance pour cette collaboration toute spéciale; et Rachelle Marcoux, Jacques Gallant, Bruno Schuetz, Maude Lauzière-Dumas et à toute l'équipe de L'atelier La Coulée pour leur aide précieuse tout au long de ce projet d'exposition. L'artiste remercie également le Conseil des Arts du Canada pour leur soutien.