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Maura Doyle, Spring Barrel Firing (2022).

Dear Universe / Cher Univers

Maura Doyle

Exposition
Réception d'ouverture

Soirée d'ouverture festive le 6 juillet 2022 à l'occasion de l'ouverture de la programmation d'été, en présence des artistes.

Musique par Dj Rodrigo Medrano

Entrée libre
Bar payant
Stationnement gratuit

Les castors sont les seuls mammifères, à part les humains, connus pour leur capacité à fabriquer leur propre environnement. Avec un air d'irrévérence, ils s'approprient, bloquent et sapent les systèmes existants pour créer de nouveaux contextes qui leurs conviennent et soutiennent les autres. Il n'est peut-être pas surprenant qu'au cours des deux dernières décennies, l'artiste conceptuelle Maura Doyle soit revenue à plusieurs reprises au castor comme point central de sa pratique artistique.  Comme eux, elle emprunte à ce qui est à portée de main, et inverse les présupposés sur la valeur, l'identité personnelle, et la façon dont nous vivons au quotidien, pour proposer des alternatives imaginées pour habiter le monde.

Dès le départ, Doyle a résisté à l'espace de la galerie et a plutôt développé des œuvres d'art qui fonctionnent en dehors de leur contexte. Elle s'est concentrée sur l'observation et la documentation d'animaux sauvages dans leur habitat naturel, près de sa maison familiale dans la campagne ontarienne, par le biais d'une correspondance élaborée — comme le projet de catalogue de vente par correspondance qu'elle a mené pendant dix ans avec son amie et collaboratrice Annie Dunning — et en proposant des actions hilarantes comme le largage par hélicoptère de 10 000 sacs de chips vides à travers le toit rétractable du SkyDome de Toronto. Dans chaque cas, c'est le procédé de travail de Doyle, plutôt que la forme finale de l'objet, qui est le véritable lieu de l'œuvre. Alors que ces procédés impliquent souvent un engagement ludique et obstiné dans une démarche – comme par exemple lorsque l'artiste a transporté une bûche rongée par un castor à travers le canal de Panama – ils s'appuyaient également sur des instruments « légitimes » de sollicitation et de recherche, tels que des campagnes épistolaires et des études de terrain pseudo-scientifiques. La logique structurée de ces activités, ainsi que leurs modes d'engagement, invite les communautés de spectateurs de Doyle à un réexamen espiègle du contexte, du travail, et de la valeur.

Dans la pratique de Doyle, la forme matérielle a toujours suivi l'enquête conceptuelle en cours. Elle a commencé à expérimenter l'argile après être devenue mère, parce qu'il s'agissait d'un travail qu'elle pouvait faire à la main dans sa cuisine tout en s'occupant de son petit garçon. (Cela a également constitué un autre repoussoir subtil contre les présupposés sur la manière et l'échelle à laquelle une pratique artistique engagée de manière critique est soutenue.) En tant qu'objets presque aussi vieux que l'humanité elle-même, et déjà anthropomorphisés — nous disons que les récipients d'argile ont un cou, un ventre et des pieds — les pots ont offert à Doyle un véhicule pour explorer l'idée de soi. Avec leurs intérieurs souvent complexes et inconnaissables, les pots peuvent être abordés comme des conteneurs d'expériences vécues et, comme dans la pratique de l'écriture de Doyle, ils sont devenus des portails pour l'exploration spirituelle de l'artiste sur la relation entre nos mondes intérieurs et extérieurs. Mais comme dans son travail antérieur fondé sur l'activité, la céramique de Doyle résiste à l'uniformité et au polissage. Formées à la main et imparfaites, les surfaces de ses pots ne sont pas émaillées (et sont donc invendables en tant que récipients utilitaires), mais noircies et marquées par la fumée de sa technique de cuisson au feu de bois.

En mettant l'accent sur ce qui est insignifiant et facilement négligé, en faisant passer le personnel pour le céleste et en monumentalisant le bas de gamme, Doyle remet en question la façon dont nous hiérarchisons et justifions ce qui est important pour nous-mêmes et pour les autres. Elle s'en prend à la grandiloquence patriarcale et à l'excès du capitalisme tardif (tout doit être supersized !), mais propose en même temps une méditation sérieuse sur la brièveté de l'existence humaine dans l'immensité du temps cosmique. Ce faisant, Doyle confirme que nous posons de grandes questions aussi bien que de petites, reconnaissant que les deux font partie de ce qui nous rend humains.

— Kimberly Phillips

Maura Doyle
Maura Doyle vit et travaille à Ottawa/Algonquin Anishinaabeg Aki. Elle a étudié à l'Emily Carr University of Art + Design et à l'Université de Guelph (MFA). Ses œuvres ont été exposées à travers le Canada et à l'étranger, notamment dans le cadre d'expositions individuelles à l'Open Studio (Toronto, 2019), à la Paul Petro Contemporary Art (Toronto, 2005-2019), à la Carleton University Art Gallery (CUAG, Ottawa, 2017), au Toronto Sculpture Garden (2004) et à la Or Gallery (Vancouver, 2002) ; et dans des expositions collectives à la Contemporary Art Gallery Vancouver (2020), à la Angus-Hughes Gallery (Londres, 2018), à la Galerie d'art d'Ottawa (2018), à la Dalhousie University Art Gallery (Halifax, 2015), à Remo (Osaka, 2006), The Power Plant (Toronto, 2005), au Passagen Art Centre (Linköping, Suède, 2004), à Art Metropole (Toronto, 2004) et à White Columns (New York, 2004).

L'artiste remercie le Conseil des Arts du Canada, l'Ontario Arts Council et la Ville d'Ottawa pour leur soutien. Elle remercie également pour leur aide et leur temps Jojo Cadieux, Rosemary Heather, Danny Hussey, Hannah Jickling, Kimberly Phillips, Bridget Thompson, et chez AXENÉO7 : M.A. Marleau, Jean-Michel Quirion, le personnel d'AXENÉO7 et l'équipe de montage.

Kimberly Phillips
Kimberly Phillips est Directrice des SFU galleries à la Simon Fraser University. Au cours des quinze dernières années, dans ses postes de directrice de galerie, de commissaire d’exposition, et de professeure située sur les territoires non-cédés xwməθkwəy̓ əm, Skwxwú7mesh et la Nation səl̓ílwətaʔɬ/Selilwitulh, elle a travaillé à l’amplification de la voix des artistes et praticien.ne.s méconnu.e.s, à une vision éthique et au renforcement des capacités organisationnelles, et à créer des moyens significatifs et inattendus pour les artistes contemporain.e.s et leurs publics de se rencontrer. Entre 2017 et 2022, elle était commissaire à la Contemporary Art Gallery (Vancouver), supervisant les expositions en galerie, les publications et les résidences d’artistes. Avant cela, elle a occupé le poste de directrice/commissaire de l’Access Gallery (2013-2017), un centre d’artistes autogéré de Vancouver qui se consacre aux pratiques émergentes et expérimentales. Phillips détient un PhD en histoire de l’art de l’University of British Columbia (2007), où elle a été récompensée de la bourse doctorale Izaak Walton Killam. Sa pratique commissariale maintient un intérêt particulier pour les questions de résistances, ainsi que les conditions sous lesquelles les artistes travaillent.

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